Le site mis à jour pour le 3e festival
La philosophie du projet, extrait de l’éditorial du catalogue de l’édition 2003

Présence de la radio

N’y aurait-il pas une certaine incongruité à faire un festival autour de la radio ? Car après tout, cette dernière se porte plutôt bien et sa place évidente dans la vie de tous les jours atteste qu’à côté des émetteurs d’images, il reste encore une belle part pour une écoute au quotidien.

On ouvre et on ferme le poste sans même y songer. Flux de mots, de sons, de paroles, de musiques bien sûr, flux d’infos surtout, tranches matinales et rendez-vous de la nuit : la radio meuble parfois le silence, accompagne, se fait entendre. Miroir peu déformant du social, à la marge des enjeux théoriques qui négligent souvent l’audio de l’audiovisuel, plus encline à commenter l’événement qu’à le devancer, la radio s’impose sans s’exposer. C’est une habitude de famille, un transistor posé dans un coin, une fréquence bien installée. Elle est tout cela sans doute. Mais aussi plus que cela : une technique apprivoisée au nom de formes sonores, un horizon d’attente, une histoire tissée d’expériences, un appel à l’imagination, des voix sans visage, des bruits qui traversent les frontières, un pôle presque magnétique.

La radio est rarement une évidence. C’est sa force, sa magie mais aussi son ambiguïté. Nous avons tous des souvenirs accrochés à un poste et à un instant. Des fragments d’une émission dont on a parfois oublié le nom, un feuilleton radiophonique, l’étonnement de la découverte lorsque la mollette que l’on avait fait glisser au gré des crachotements de la bande FM tombe par hasard sur ce quelque chose que l’on ne connaissait pas.

La radio est une cour des miracles qui méritait d’être programmée.

 

Longueur d’ondes

C’est une expression toute simple, une association née en décembre 2002, un premier festival de la radio et de l’écoute. Un nom propre pour une manifestation dédiée à ce " plus que cela " : objets radiophoniques en forme de paysages sonores, petites pièces allusives ou formats au long cours qui invitent l’auditeur-écoutant à s’installer dans un univers souvent si particulier. La radio que nous aimons, que nous défendons – sans verser dans le label " militant " brandi en toute occasion pour annoncer la qualité d’une programmation et l’utilité d’une démarche – est inventive, éclectique. Fugace, elle joue sur les harmoniques, s’incarne dans la tessiture d’une voix, rend parfois inoubliable un plein moment d’écoute. Elle a sa langue et ses accents, sa trame, ses brisures. Y a-t-il un art radiophonique ? Certains le pensent, d’autres n’y croient pas. Vaste question aux réponses incertaines qui disent justement si bien la beauté impalpable de la radio : naviguant entre le flux continu et la capture d’un instant, empruntant des chemins de traverse au gré des désirs de la création sonore, en quête d’un alphabet qui ne serait jamais achevé. La radio n’est surtout pas une télé sans images ; elle tente de dire de façon bien plus subtile le monde, sa poésie, son étrangeté, sa proximité.

Brest, ville radiophonique

C’est une invitation à se laisser porter par des univers singuliers. Trois jours d’une fin novembre pour mettre à l’honneur cette radio de création, que certains fréquentent déjà passionnément mais que beaucoup ignorent totalement ; trois jours pour la faire sortir des grilles de programmation et l’offrir à l’écoute, le temps d’un festival. Il ne s’agit surtout pas ici de se substituer à l’espace de diffusion sur les ondes, courtes moyennes ou longues, mais plutôt d’accompagner des (re)découvertes et susciter peut-être, l’envie de se frayer un chemin dans la jungle radiophonique, de retour dans le quotidien. Encore faut-il que la création radiophonique conserve sa place dans nos stations. Une année de recherche et d’écoutes nous aura en effet révélé le foisonnement d’initiatives originales côtoyant, hélas, des espaces radiophoniques en friche, émetteurs d’un flux sans aspérités.

Aussi, moins qu’un état des lieux de ce qui se fait en France et ailleurs, Longueur d’ondes espère être avant tout une chambre d’écho des curiosités. Pour trouver ou retrouver le sens de l’écoute.

 

Bilan de la première édition

Longueur d’ondes, premier festival de la radio et de l’écoute s’est tenu à Brest les 28, 29 et 30 novembre 2003. Ce qui n’était, au départ, qu’une modeste aventure de papier a enfin pris forme après un an de travail. Le bilan est très favorable, même si ce n’est pas forcément au bureau de l’association de le dire ou de le répéter : une programmation éclectique (selon l’écho des festivaliers), 1 300 auditeurs qui ont assisté aux 13 séances d’écoute publique et aux 5 rencontres avec les invités, un débat (thème : " archives, mémoire, radio ") animé par Emmanuel Laurentin à l’Université de Bretagne Occidentale devant une quarantaine de personnes, une fiction radiophonique de Claude Lucas, Job Art mise en onde par Blandine Masson et enregistrée, devant plus de 200 personnes, au petit théâtre du Quartz (scène nationale) grâce au soutien de France Culture.

Pendant trois jours, le Musée des Beaux-Arts de Brest, lieu principal de la manifestation, a vécu au rythme d’une radiophonie heureuse et inspirée. Loin d’être une manifestation brestoise ou finistérienne, Longueur d’ondes a attiré des personnes qui n’ont pas hésité à traverser la France (de Marseille, Metz, Bordeaux, Nantes, Paris, Bruxelles, etc.) pour venir nous rejoindre. Amateurs, professionnels mais aussi simples curieux se sont retrouvés pour partager et/ou découvrir ces moments de radio avec un bel enthousiasme. Nous avons reçu, depuis le festival, de nombreux témoignages d’encouragement et de satisfaction tant sur la programmation que sur l’ambiance du festival. Nous devons ce succès à la présence des invités et au soutien de nombreux médias qui ont relayé l’événement au-delà de nos espérances.

L’expérience mérite que l’on y apporte des améliorations : un programme parfois trop chargé ne laissant pas suffisamment de place à des moments de relâche – il faudrait certainement songer à la diffusion des pièces sonores dans deux lieux ; renforcer notre présence au niveau des écoles, collèges et lycées pour intéresser ce public au langage radiophonique ; créer les conditions pour que se mette en place un lieu de rencontre entre professionnels et associatifs.

 

     
     
 

Le poste à galène – bulletin de liaison trimestriel

L’association édite ponctuellement son bulletin de liaison, Le poste à galène. Son but : rendre compte aux adhérents de l’association et aux partenaires du festival de l’évolution du projet. Le quatrième est en préparation et devrait sortir début mars.

 
     
  longueur.ondes@free.fr